Trop, c’est trop

Ce billet est le commentaire que j’aurais aimé poster sur le blog de Tristan Nitot concernant l’article « S’attaquer aux tabous pour devenir écolo ».

Merci Tristan, merci d’utiliser ton blog pour faire passer ce message. Tout d’abord une remarque sur les commentaires – eh oui j’ai pris le temps de tous les lire, et ça n’a pas été du temps perdu ! – on peut les classer en trois catégories : les totalement pour (mettons 30%, je suis généreux), les totalement contre (allez, 5%) et le reste de « je suis d’accord, mais pas en ce qui concerne les enfants ».

Autant le dire tout de suite j’entre dans la première catégorie. La viande est un gros polluant, tant au niveau de la production que de la distribution, je m’en passerais bien totalement si je ne trouvais pas qu’un bon steak est tellement délicieux ! La croissance n’est absolument pas nécessaire, une entreprise saine peut très bien se contenter d’un profit annuel constant. La définition de la réussite appartient bien à chacun, et même si l’idée générale est que c’est d’avoir de l’argent je dirais plutôt que c’est d’être satisfait de ce que l’on a (et je sais que c’est pas gagné !). L’importance d’être bien habillé rejoint le coup de l’argent et de la voiture, tout dépend de l’importance que l’on accorde au regard de l’autre et des « standards » de la société. Enfin, tout comme pour la croissance, le renouvellement de l’espèce se situe exactement à 2 enfants par couple (pas trois comme j’ai pu lire dans certains commentaires). Là non plus pas besoin de croissance, une moyenne mondiale de deux enfants pas couple (un par individu) est amplement suffisante pour la survie de l’espèce, plus c’est de la croissance, pas de la survie.

Je pense sincèrement, Tristan, que tu ne dois pas avoir honte de tenir de tels propos, bien au contraire ! Je demande d’ailleurs à tous ceux qui mettent l’humanité sur un piédestal (comme Jean-Baptiste Balleyguier, commentaire #84) et qui s’outrent de tels propos (beaucoup des commentaires précédents) : comment assurer la croissance de la population humaine dans un monde aux ressources limitées ? Même en omettant le problème causé par les déchet générés (qui n’est pas des moindres), comment nourrir, loger et donner des conditions de vie décentes (à définir) à tout ce petit monde ? A ce propos j’ai beaucoup aimé le commentaire de Sylvain D qui parle, non sans une pointe d’ironie, d’un cycle guerre/famine prospérité qui permettrait la régulation des naissances. C’est sûr qu’un contrôle volontaire des naissances serait autrement plus cruel, et moins… humain !

En ce qui concerne les trois catégories dans lesquelles j’ai classé les commentaires de ce billet, je trouve qu’elles reflètent très bien l’état médiatique en France. Je m’explique. Tout le monde le sait l’écologie est devenu très rapidement une préoccupation majeure ces derniers temps. Il fait bon être écolo, les médias en parlent c’est une bonne chose. On retrouve donc un majorité de commentaires allant dans ce sens. Il y a toujours des contestataires, des réfractaires, mais qui ont (eux ?) réfléchi à la question et qui sont contre, je ne suis pas de leur avis, mais c’est leur plein droit. Mais quand on aborde la question démographique qui, étrangement (et je le regrette au plus haut point) n’est pas apparue dans les médias (ni aux infos, ni dans les docu écolos comme Home de YAB - qui est magnifique au demeurant), on se retrouve devant un mur d’hostilité. Alors, faire le tri entre ceux qui ne sont pas d’accord parce que c’est leur conviction personnelle et ceux qui le sont parce qu’ils en n’ont jamais entendu parler est difficile, mais je me dis qu’il y a quelques années, à l’époque où ce n’étais pas encore à la mode que de soucier de l’environnement, il y aurait eu beaucoup mois de commentaires favorables à ce billet, je me dis que dans quelques années, quand le problème démographique aura pris la place dans les médias (et j’espère de tout cœur que ça arrivera), beaucoup de ceux qui sont contre aujourd’hui auront retourné leur veste. Ça prouve une chose au moins, que la communication en plus d’être efficace est absolument nécessaire. Il faut que la population s’habitue à un concept novateur pour le comprendre, l’accepter et l’intégrer (ou le rejeter, mais pour de « bonnes raisons », à savoir un choix personnel et pas une réaction épidermique). Certain avaient d’ailleurs critiqué Home lors de sa sortie, objectant que le film était financé et commandité par le groupe PPR qui voulait faire son « Green Washing ». Peut-être… Et alors ? Si ce film a pu déclencher une prise de conscience chez certains il aura atteint son but. Ce n’est certainement pas un petit film artisanal et pas médiatisé qui aurait pu influer autant sur les résultats de l’élection suivante.

Enfin, et pour revenir sur le point principal qui m’a décidé à écrire ce billet, je suis étonné de la mauvaise interprétation qui est faite par la plupart des commentaires. Tristan n’a jamais dit « arrêtez de faire des enfants » mais a fait deux constats. Le premier est que la norme dans la société française est de faire des enfants (plus de 2.1) et le second que un être humain de plus sur la planète ça fait un consommateur (a sens ressources naturelles, pas économique) de plus. Et, quitte à le répéter, dans un monde où les ressources sont limitées, il est physiquement impossible d’avoir un nombre de consommateurs en perpétuelle augmentation. C’est ce que dit d’ailleurs très justement Nat : c’est bon, six milliard c’est bien, on devrait peut-être commencer à songer à s’arrêter un jour.

J’attire votre attention sur le commentaire d’Aurélien qui met un lien vers les vidéos d’une série de cours donné à l’École de Mines de Paris en mai 2008 par Jean-Marc Jancovici. Elles sont téléchargeables librement, et je vous en recommande vivement le visionnage.